Des graines de de(ux)main(s)

Un an. Ce blog a été créé il y a un an, quasiment jour pour jour ! Dans le but de montrer qu'on n'est pas prisonnier du système de l'hyper-consommation, de l'hyper-gaspillage, si on décide de choisir une autre direction. Dans le but de semer des graines de possible ici et là, en espérant que chacun puisse les semer à son tour.

Il n'y avait pas meilleure période pour établir un parallèle entre ces graines imaginaires semées dans les esprits et les graines bien palpables, c'est-à-dire les semences.

Aujourd'hui, la question des semences est un enjeu majeur de la survie de notre espèce, et pourtant, une infime minorité d'individus ont conscience de cette urgence. Le sujet est vaste et complexe, essayons donc d'en balayer quelques aspects...

Demandez aux jardiniers autour de vous, à vos proches qui ont un potager : combien récupèrent les graines de leurs légumes pour les resemer l'année suivante ? La majorité des gens que nous connaissons achètent chaque année de nouvelles graines pour leur semis ou directement de nouveaux plants à repiquer. 


Cela résume aussi ce qui se passe au niveau de l'agriculture intensive : les agriculteurs sont de plus en plus contraints d'acheter de nouvelles semences chaque année, pris à la gorge par les réglementations. Il existe un catalogue officiel et de certification des graines et les dites graines, sélectionnées, parfois génétiquement modifiées, qui sont la propriété intellectuelle de multinationales comme Monsanto, pour citer la plus connue. Des semences prévues pour une culture intensive et nécessitant l'usage d'intrants chimiques pour les "soigner"... Des semences qu'il est interdit de reproduire. En découle une uniformisation des semences, une disparition de centaines et centaines de variétés de plantes.

(C'est comme ça qu'on se retrouve avec du maïs tout jaune alors qu'à l'origine il était multicolore !)

Cette privatisation représente un réel danger pour la capacité de l'humanité à se nourrir. Quel avenir pour l'agriculture si le paysan n'est plus autorisé ni capable de reproduire ses graines ?

Un documentaire sur la question, La Guerre des graines, est disponible sur le blog de France TV.
Le pitch résume très bien les enjeux du sujet :

Une guerre souterraine ... et silencieuse
Les graines sont le premier maillon de notre alimentation. Mais dans un avenir très proche, les agriculteurs n'auront peut être plus le droit de ressemer leur propres graines. En Europe, une loi tente de contrôler l'utilisation des semences agricoles... Derrière cette confiscation, 5 grands semenciers qui contrôlent déjà la moitié du marché des graines et cherchent à étendre leur privatisation.
Les graines sont-elles une marchandise ou un bien commun de l’humanité au même titre que l’eau ou l’air ?
En 100 ans, sous les effets de l’industrialisation de l’agriculture, 75% de la biodiversité cultivée a disparu. Henri Kissinger disait “Qui contrôle le pétrole contrôle les nations, qui contrôle l'alimentation contrôle les peuples”. Que se passera-t-il si l’industrie semencière réussit à privatiser intégralement les semences agricoles ?
L’histoire que nous racontons dans ce documentaire, c’est celle d’une guerre silencieuse, et méconnue et dont l’enjeu est pourtant crucial c'est bien notre indépendance alimentaire qui en dépend. 

Depuis quelques années, des gens se battent pour préserver les semences. Nous pensons bien entendu à Vandana Shiva, surnommée la "Gandhi des graines" en Inde où elle a permis, depuis 1991, de créer des banques de semences afin de préserver la biodiversité et l'indépendance des paysans. 
En France, le réseau Semences Paysannes lutte activement en ce sens également.

Vous vous demandez comment agir à votre échelle ?
Outre le réel acte politique d'achat, qui consiste à privilégier l'achat de fruits & légumes auprès de petits producteurs locaux indépendants et bio, vous pouvez lutter en cultivant votre potager et en y semant des graines bio et reproductibles !
Où vous en procurer ? On en trouve parfois en magasin bio, ou sur des sites spécialisés comme Kokopelli, Semailles, Le Biau Germe...

Enfin, on ne saurait trop vous conseiller de récolter vos propres graines !  
Quand vous mangez une courge de votre potager, récupérez-en  les graines, faites les sécher et gardez-les pour l'année suivante. Pour les salades ou les radis, laissez le plus beau de vos plants en terre (cela signifie que ce plant est particulièrement adapté à VOTRE terrain et à son exposition), laissez-le monter en graines avant de pouvoir les récupérer à l'automne.
On trouve très facilement de nos jours les informations nécessaires à cette pratique sur le net ou dans les livres... voire auprès de pépé/mémé, dont il serait dommage que le savoir-faire d'antan se perde !

Enfin, gardez l’œil : les trocs de graines et autres grainothèques commencent à se développer, sous l'impulsion de citoyens conscients de cet enjeu et engagés pour la préservation de la biodiversité.
Dans le Béthunois, le Caféméléon organise des ateliers de récolte et échange de graines. Il existe aussi une grainothèque à Vendin-les-Béthune, par exemple. Le 15 octobre 2017, un troc de graines sera possible à la "Faites de la graine" de Festubert, organisée par l'association Quatre Saisons. La Fête de la Tomate, à Haverskerque, met en lumière chaque année en septembre les multiples variétés de tomates existantes. Voici quelques exemples d'initiatives que nous connaissons près de chez nous, mais il en existe de nombreuses ailleurs !

En 2017, récupérer et semer ses graines est un acte résolument politique.

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Nous espérons avoir semé quelques graines en un an de Transition des castors. Celles-ci sont libres et reproductibles, sans aucun doute ! Récupérez-les, semez-les à votre tour, échangez-les avec vos amis, votre famille !
Que chacun puisse avoir envie de faire sa part... Semer, Essaimer et s'aimer...

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